Accueil/Actualités

AH! vous dirais-je maman...

Saviez-vous que les effets d’une même chanson diffèrent selon la façon dont nous la présentons aux enfants?

Récemment, une équipe de recherche de l'Université de Toronto (Cirelli, Jurewicz & Trehub, 2019) a documenté les caractéristiques et les effets de la chanson Ah! Vous dirais-je maman. Dans le cadre de cette étude, on a demandé à 30 mères de répéter ce classique à leur tout-petit en alternant les façons de la chanter (de façon apaisante ou enjouée). Tout au long de l’expérimentation, on a mesuré l’état émotionnel de la mère et de l’enfant par le biais de mesures physiologiques. Alors que le niveau d’excitation de la mère et de l’enfant diminuait significativement lors de la version apaisante, le niveau d’attention de l’enfant envers sa mère augmentait pendant la version enjouée.

Les résultats de ces recherches nous renseignent sur l’apport distinctif des berceuses et des chansons ludiques. Elles documentent l’apport du chant maternel en contexte d’interaction un pour un. Elles encouragent l'utilisation de la voix et suggèrent que le fait de chanter avec ou pour son enfant soutiendrait le développement de la relation mère-enfant et favoriserait le niveau d'attention démontré par l'enfant lors d'une interaction. Bien qu’il soit plus difficile de reproduire l’interaction un pour un en service de garde éducatif, peut-être est-il possible de transmettre vos nouvelles connaissances aux parents?

EN SAVOIR PLUS

L’effet du chant dirigé vers l’enfant (infant directed singing) est étudié depuis plus de 20 ans.  Déjà en 2003, Shenfield, Trehub et Nakata s’intéressaient à l’effet du chant maternel sur le niveau d’éveil du nourrisson. Après avoir mesuré le cortisol de petits âgés de 6 mois, on a demandé aux mamans participant à l’étude de chanter pour leur enfant pendant 10 minutes. 10 minutes plus tard, on a mesuré le niveau de cortisol de l’enfant à nouveau. L’analyse des échantillons salivaires a permis de comparer les deux niveaux de cortisol. Les enfants présentant un niveau de cortisol plutôt bas lors de la première mesure ont vu leur niveau de cortisol augmenter. Ils étaient ainsi plus éveillés. À l’inverse, les enfants présentant un niveau de cortisol plutôt élevé lors de la première mesure ont vu leur niveau de cortisol diminuer à la suite de l’expérimentation. On peut donc en conclure que le chant maternel semble être l’une des façons de moduler l’état d’éveil du jeune enfant.

La familiarité d’une chanson, plus particulièrement d’une mélodie, semble aussi avoir un effet favorable sur le niveau d’attention de l’enfant.  Mehr, Song et Spelke (2016) ont mené trois expérimentations afin d’en savoir plus à cet égard. En premier lieu, cette équipe de recherche a adapté deux chansons. Ces deux chansons étaient identiques quant au rythme et aux paroles, mais différaient quant à la mélodie. On a enseigné l’une des deux chansons aux parents (n=32) et on leur a demandé de la répéter dans le cadre de leurs interactions avec leur enfant, à la maison, pendant une à deux semaines. On a ensuite mesuré la durée de l’attention du nourrisson envers un étranger. L’enfant, posé sur le parent, faisait face à un écran sur lequel il pouvait voir deux visages étrangers. L’un des étrangers lui présenta la chanson pratiquée à la maison alors que l’autre lui présenta la chanson dont la mélodie était différente. On représenta ensuite les étrangers à l’enfant et on calcula le temps pendant lequel celui-ci regardait chacun d’entre eux. Il fut observé que les enfants regardaient significativement plus longtemps l’étranger ayant chanté une chanson qui lui était familière. De plus, la durée de l’attention de l’enfant était corrélée positivement au nombre de fois que la chanson avait été chantée à la maison.

D’autres expérimentations ont permis à Mehr et ses collègues (2016) de savoir si cet effet était le même dans d’autres conditions. Lors de la 2e expérimentation, on a remis un ourson en peluche aux parents (n=32). En appuyant sur l’ourson, on pouvait entendre l’une des deux chansons utilisées lors de l’expérimentation précédente. On demandait aux parents d’utiliser cet ourson à la maison et de faire entendre la chanson à l’enfant (sans chanter). Lors de la 3e expérimentation, on demandait au parent de présenter un étranger à l’enfant par le biais de Skype, une fois par jour. Pendant ce moment, l’étranger chantait l’une des deux chansons à répétition, en regardant l’enfant. Lors de la 2e et 3e expérimentation, au moment du post-test, à l’inverse de la première expérimentation, aucune différence significative n’a été observée quant à la durée de l’attention de l’enfant envers l’étranger (Mehr, Song et Spelke, 2016). Autrement dit, l’interaction avec le parent serait médiatrice de l’effet de la familiarité d’une chanson sur le niveau d’attention de l’enfant pour l’étranger qui la lui propose.

Références

Cirelli, L. K., Jurewicz, Z. B., et Trehub, S. E. (2019). Effects of maternal singing style on mother–infant arousal and behavior. Journal of cognitive neuroscience, 1-8.

Mehr, S. A., Song, L. A., et Spelke, E. S. (2016). For 5-month-old infants, melodies are social. Psychological Science, 27(4), 486-501.

Shenfield, T., Trehub, S. et Nakata, T. (2003). Maternal singing modulates infants arousal. Psychology of music, 31(4), 365-375.

Partager sur Facebook
Partager sur Google +
Partager sur Linked In

Besoin d'informations?
450 672-8826

Suivez-nous

FacebookTwitterInfolettreGoogle +YoutubeFlickr