Les grands principes de l'approche
L'Institut Pikler a été créé en 1946 par la pédiatre Emmi Pikler, en vue de recueillir de très jeunes enfants qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, se trouvaient dans des situations socio-familiales absolument épouvantables.
Ici, dans ce lieu exceptionnel, il se passe une foule de petites choses, réfléchies et élaborées. Il s'agit d'une approche complexe, d'une pratique subtile, d'une horlogerie bien huilée. -Bernard Martino |
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Encore aujourd'hui alors que l'Institut est devenu une crèche, c'est-à-dire un service de garde de jour, les professionnelles hongroises mènent des travaux de réflexion visant à documenter autant la théorie que la pratique.
Au fil de toutes ces années, les principes directeur qu'avait élaborés la fondatrice Emmi Pikler guident encore et toujours l'action de chacune des professionnelles, au sein de l'établissement. |
LES PRINCIPES DIRECTEURS DE L'APPROCHE PIKLÉRIENNE
La valeur de l'activité autonome
Permettre à l’enfant d’exercer son activité spontanée est essentiel pour que les enfants deviennent des adultes «créatifs et responsables». Il est nécessaire que l'activité naisse de l'enfant lui-même pour qu'il l'investisse, avec une «auto-induction» qui renforce le résultat positif. Les enfants sont donc totalement libres de leurs mouvements - tout en étant protégés des dangers. À partir d’observations qualitatives sur le jeu de l’enfant, ses progrès moteurs ou de langage, ses habitudes, son comportement pendant les soins ou avec les autres enfants, l'adulte s’active à placer l'enfant dans des situations qui correspondent à son âge, met du matériel à sa portée, respecte le rythme de ses acquisitions motrices et l'aide à prendre conscience de ses accomplissements.
La valeur d'une relation affective privilégiée et importance de la forme particulière qu'il convient de lui donner dans un cadre institutionnel
La nécessité d'une relation affective privilégiée et continue avec un adulte permanent nécessite une grande constance dans les attitudes éducatives et un engagement du personnel dans une «relation réelle, mais consciemment contrôlée, dans laquelle l'adulte ne fait pas peser sur l'enfant sa propre affectivité et ses attentes personnelles». Les soins sont donc individualisés et considérés comme privilégiés comme moments individualisés de rencontres entre enfant et adulte sur lesquels s'étaie la création d'une relation intime et personnelle. La structuration des lieux est pensée de façon que l’adulte demeure à portée de vue ou de voix pour les enfants en situation de jeu.
La nécessité de favoriser chez l'enfant la prise de conscience de lui-même et de son environnement et de partager l'importance de la verbalisation du vécuPar la «régularité des évènements dans le temps et la stabilité des situations dans l'espace», mais surtout lors des soins, on aide l'enfant à découvrir qui il est, ce qu'il fait, quel est son environnement...
On stimule beaucoup sa participation pour lui permettre de s'exprimer et de devenir un adulte «autonome et responsable». On parle à l'enfant pour le prévenir de ce qui va se produire, pour lui expliquer ce que l'on est en train de faire. Ce partage verbal permet à l'enfant d'anticiper les évènements et de pouvoir réagir (interaction entre enfant et adulte).
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Changer la couche n'est pas un geste banal. Il correspond à un soin apporté et à un moment relationnel privilégié entre l'adulte et l'enfant. -Bernard Martino. |
L'importance d'un bon état de santé qui sous-tend, mais aussi résulte de la bonne application des principes précédentsChaque enfant bénéficie d'un régime individualisé concernant son alimentation, son cadre de vie et le déroulement de sa journée. On privilégie, au maximum, la vie au grand air. L'organisation de cette institution n'a donc rien à voir avec un établissement hospitalier, mais s'apparente plutôt à une «maison à caractère familial».
Extrait du texte
Implantation des principes de l’approche piklérienne (Lóczy) dans des centres de la petite enfance de la Montérégie par Sylvie Melsbach et Claudette Pitre-Robin, paru dans Nouvelles pratiques sociales (Hors série numéro 1, hiver 2012, p. 152-160).
Les extraits vidéos sont tirés du film
LOCZY. Une école de civilisation (2014) du cinéaste Bernard Martino.